dans le cadre du colloque organisé par l’Université Aix-Marseille, Yassaman KHAJEHI (artiste-MCF) et Fardin Mortazavi (artiste-doctorant), présente une communication sous forme d’atelier, la vidéo de cette communication ci-après :
Cette proposition d’atelier/expérience (30 minutes, pratique et théorique) concerne à la fois l’axe 1Généalogie des pratiques de médiation participatives et l’axe 3Enseigner la médiation culturelle aujourd’hui. Portée par deux artistes-enseignants-chercheurs en études théâtrales et de communication, l’expérience questionne l’articulation entre pratique, pédagogie et transmission dans un projet de médiation où les notions de performativité, de présence et de participation sont mises en exercice et étudiées.
Dans notre univers médiatisé, nos sensibilités sont canalisées par un mode d’esthétique où l’autoréférentialité de la représentation ne cesse de croitre (Montani, 2016, p.181). Selon notre hypothèse, par une expérience esthétique collective rythmique, nos questionnements se développent sur l’implication d’une présence effective et affective : Faut-il vivre une expérience sensorielle « immédiale » pour saisir l’objet de la médiation ? Comment dans un contexte saturé des produits des industries de l’attention (Boulier, 2009, Citton 2014) peut-on vivre d’autres modes de présence immersivesaugmentée et collective afin de cerner l’objet ? Dans un temps limité, comment le mode d’alerte peut se remplacer par un mode de contact substantiel et donc spatial avec les choses du monde (Gambrecht, 2004, p.104)? Où trouvez des réserves disponibles d’attention ? Par quel processus ?
Inspiré de la culture orientale, proche de l’effet de l’étonnement recherché dans la direction de l’acteur (Brook, 1968), nous introduisons par la pratique de la musique persane où le corps est impliqué dans sa pleine complexité sensorielle, accompagnée des rythmes de plus en plus complexes avec des formes impaires ou à mètre libre, à l’instar des cérémonies de Sama’ chez les soufis (During, 1988). Dans ce mode d’immersion esthétique, nous allons pouvoir atteindre une dimension performative de notre communication comme une médiation (pédagogique) par la performance (Aboudrar et Mairesse 2018). Cette expérience qui en une partie qualifiée de pseudo-rituel se formant dans la sphère de liminarité (Turner, 1988) peut produire également ce que l’on peut appeler ici « l’œuvre médiative ». Ainsi, cette proposition d’atelier propose une expérience d’un mode particulier de présence dans une médiation, un mode de présence qui forme l’essence de la musique savante persane.
Bibliographie :
ABOUDRAR Bruno Nassim, MAIRESSE François, La médiation culturelle. Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 2018.
BROOK Peter, L’espace vide, Ecrit sur théâtre, traduit par Estienne Christine et Fayolle Franck, Paris, Seuil, « Pierres Vives », 1977 (1968).
CITTON Yves, Médiarchie, Paris, Seuil, « La couleur des idées », 2014.
DURING Jean, Musique et extase, L’audition mystique dans la tradition soufie, Albin Michel, « Spiritualité vivantes », 1988.
GUMBRECHT Hans Ulrich, Eloge de la présence, Ce qui échappe à la signification, Paris, Libella-Maren Sell, 2017 (2004).
Vidéos des interventions disponibles sur cette page
Projet Eur-ArTeC : CyberOmbre : Le théâtre dans les cavernes du numérique
« L’église dit: Le corps est une faute.La science dit: Le corps est une machine.La publicité dit: Le corps est une entreprise.Le corps dit: je suis la fête. » Eduardo Galeano – écrivain, journaliste – Uruguay.
Ces journées d’étude se situent dans le prolongement des journées organisées l’an dernier « Figurer nos liaisons numériques par les arts » (voir les enregistrement ici).
Nous souhaitons cette année nous focaliser sur ce que les auteurs de théâtre et leurs œuvres peuvent nous dire des rapports des corps de l’utilisateur ou de l’utilisatrice, des représentations des corps humains avec les plateformes numériques, mais aussi des corps des algorithmes – en tant que matérialité et représentation de leur fonctionnement. Les réseaux socionumériques (RSN) procurent aux organes de l’homme un sensorium augmenté et ainsi de nouvelles possibilités au niveau de l’apparence corporelle, du langage et de la socialité. Cette « augmentation » se trouve en tension permanente avec la « réduction » de la plasticité de notre sensibilité et de la complexité de nos rapports aux êtres et aux choses qu’impose la technologie computationnelle. A cette contrainte s’ajoutent celles liées aux visées commerciales des industries numériques et des outils du « web affectif » qui cherchent à capter les attentions, exacerber l’impulsivité et canaliser l’expression des émotions des utilisateurs et des utilisatrices.
Les communications visuelles stimulées par des plateformes comme Instagram, Facebook, Tiktok, se nourrissent de représentations scénarisées des corps, qui font l’objet d’expositions, de compétitions, de revendications. Elles ont investi en retour les imaginaires et productions scéniques des dramaturges. Les politiques publiques culturelles redoublent l’injonction à une « inclusion numérique » sur les scènes des théâtres. Cela pourrait constituer une opportunité pour interroger l’hyperprésence du numérique dans nos vies intimes, aggravée sensiblement par la diminution de nos mobilités en période de crise sanitaire.
Ces journées d’étude ont été consacrées à la complexité du monde contemporain dans lequel nos corps vivent en tension permanente, sous des formes médiales et immédiales, entre une réalité physique (lente, matérielle, bruyante, incertaine et complexe) et une réalité numérique (rapide, immatérielle, silencieuse, « sûre » et synthétique). Par l’analyse fine de cette complexité des usages, notre ambition serait de dégager des approches favorisant le développement d’une pensée critique vis-à-vis d’un dispositif Numérique hégémonique, et d’ouvrir l’imaginaire à « des » Numériques et des designs possibles. Pour cela, nous explorerons les expériences esthétiques scéniques proposées par des artistes pour éclairer les multiples formes de la corporéité aux prises avec les réseaux socionumériques et les différents procédés artistiques pour parvenir à une médiation au numérique : réflexivité critique, autonomie et réappropriation des cultures matérielles.
La journée s’est construite autour de quatre tables rondes.
9h30 : Introduction : Proposition des concepts et des questions par Fardin Mortazavi, artiste-doctorant (11mn)
1ère table ronde :Corps humains, corps robots en scène (1h31)
Modération, Sophie Jehel
Mathilde Gentil, metteure en scène, GOSH Cie, « Interactions : Entre jeu(x) théâtral et vidéo », en discussion avec Gabrielle Godin.
Geneviève Vidal, chercheure en Sciences de l’information et de la communication, LabSic, Université Paris13-USPN et Christian Papilloud, sociologue, chercheur à l’Institut de Sociologie, Martin-Luther Universität de Halle-Wittenberg, « Des arts numériques aux arts de la scène en prise avec le numérique ».
Ervina Kotolloshi, docteure en art du spectacle et études théatrales, « Vers l’émiettement du corps, la parcellarisation et la fabrication de la présence
2ème table ronde : Le contrôle des corps par les autorités numériques (1h29)
Modération, Colette Aguerre
Fabienne Martin-Juchat, Professeure, Université de Grenoble-Alpes, « Chronique anthropologique d’une révolte du corps vivant face au corps normé du numérique ».
Laurent Chomel, doctorant CEMTI, « Le corps, cet esprit acteur. A partir d’une lecture d’Antonio Damasio ».
Adrien Pequignot, doctorant EUR ArTeC-CEMTI, « Les métriques comme mesure de toute chose ? » Expérimentations du plugin Facebook Demetricator (Ben Grosser).
3ème table ronde : : Ce que le « confinement numérique » fait vivre au théâtre (1h34)
Modération, Maxime Cervulle
Marion Siéfert, autrice, metteuse en scène, « _jeanne_dark ».
Florence Minder, autrice, metteure en scène, comédienne, « Faire quelque chose (C’est le faire, non?) », en discussion avec Sophie Jehel.
Alexandra Saemmer, ; autrice en littérature numérique, « Des nouvelles de la colonie, les corps confinés ».
Sébastien Appiotti, Chercheur CEMTI, « Médiation(s) et mise en exposition du (dé)confinement. Retours sur un projet pédagogique participatif Mucem – Université d’Avignon ».
4ème table ronde : médiations artistiques au numérique (1h34)
Modération, Yassaman Khajehi
Fardin Mortazavi, artiste-doctorant ArTeC-CEMTI « CyberOmbre :Médiation critique au numérique avec les enfants et adolescents par le théâtre ».
Julien Daillère, artiste-chercheur, « Alternative au numérique grâce l’audio du téléphone : téléperformances et Serveur Vocal Humain ».
Gilles Vernet – Instituteur, auteur, réalisateur et conférencier, « Le déni corporel et affectif de l’enfant face au numérique, un impensé de l’enseignement qui trouve sa remédiation dans la respiration et l’expression artistique ».
Patrick Treguer, responsable du Lieu multiple (pôle de création numérique) de l’Espace Mendès France (Poitiers), « Du numérique aux “arts et sciences”: quelle redéfinition de la médiation et de l’espace artistique?».
Conclusion : Sophie Jehel, MCF HDR (10 mn)
Coordination
Sophie Jehel, MCF HDR Univ. Paris 8, Cemti et Fardin Mortazavi, artiste-doctorant, Univ. Paris 8 Cemti, ING de recherche Eur-ArTeC. Dans le cadre du projet ArTeC « CyberOmbre : Le théâtre dans la caverne du numérique »
Comité d’organisation
Maxime Cervulle, MCF HDR Univ. Paris 8, Cemti
Alexandra Saemmer, Pr Univ. Paris 8, Cemti
Julie Peghini, MCF Univ. Paris 8, Cemti, EUR ArTeC
Yassaman Khajehi, MCF, Etudes théâtrales, Métiers de la culture, Univ. de Clermont
Adrien Pequignot, doctorant Univ. Paris 8, Cemti – Eur ArTeC
Un clip vidéo sur la performance réalisée par les étudiants de Master au cours des journées d’études « Figurer nos liaisons numériques par les arts » les 3-4 décembre 2019.
Performance « En attendant, …«
Une attente mise en récit et vécu en silence dans le corps par les performeurs puis transféré aux spectateurs. Des récits révèlant la cenralité d’une ressource de plus en plus rare « l’attention ».
performeurs-étudiant : Hedirson Delgado, Thomas Gibourdel, Elda Ahmeti,
Comédienne : Daphnélia Kasmi
Conception et mise en scène : Christian Remer et Fardin Mortazavi
CyberOmbre, Performance « En attendant,… », répétition
Journées d’étude et de rencontre entre artistes et chercheurs Mardi 3 décembre 14h00-18h00 Mercredi 4 décembre 9h00-16h00
L’art n’est ni un reflet, ni une transposition de la réalité : c’est une réponse à la réalité. Tadeusz Kantor
Partenaires : Eur-ArTeC, CEMTI, CNSAD et MGI
Comment les artistes figurent-ils nos liaisons avec les technologies ou les plateformes numériques et les fictions qui nous envoûtent ? Des dispositifs issus du théâtre peuvent-ils permettre de créer un espace de réflexivité partagé sur nos liaisons numériques avec les adolescents ? Dans le contexte de la numérimorphose, la médiation par le numérique a-t-elle transformé les manières de concevoir et construire les publics de théâtre ? Ces journées d’étude s’inscrivent dans le cadre du projet « Le théâtre dans les cavernes du numérique » dirigé par Sophie Jehel, soutenu par l’EUR ArTeC en 2018-2019 et le laboratoire Cémti (Paris 8).
En cliquant sur chaque intervenant, lorsqu’il est souligné, vous accèdez à l’enregitrement audio de chaque présentation.
Coordination : Sophie Jehel MCF CEMTI et Fardin Mortazavi artiste-doctorant CEMTI et , ING ArTeC.
Comité d’organisation : Maxime Cervulle (MCF), Lucile Coquelin (Doctorante), , Julie Peghini (MCF), Adrien Pequignot (Doctorant), Alexandra Saemmer (Pr) du laboratoire CEMTI, Univ. Paris 8 Saint-Denis.
Ce travail a bénéficié d’une aide de l’État gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre du programme d’Investissements d’avenir portant la référence ANR-17-EURE-0008.
Informations pratiques :
Amphithéâtre MR002, Maison de la Recherche
Université Paris 8 Vincennes- Saint-Denis
Métro : Saint-Denis Université (ligne 13)
Inscription : contact@cyberombre.org.
Info : www.eur-artec.fr; www.cyberombre.org.
Université Paris 8 Maison de la recherche
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